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Novapex/ Société 15(1), 10 mars 2014 3
Inventaire des mollusques présents dans le tube digestif
d’un Spatangus purpureus O.F. Müller, 1776 à Favignana
(Iles Egades - Sicile - Italie)
Christiane DELONGUEVILLE
Avenue Den Doom, 5 - B - 1180 Bruxelles - christiane.delongueville@skvnet.be
Roland SCAILLET
Avenue Franz Guillaume, 63 - B - 1140 Bruxelles - scaillet.roland@skvnet.be
MOTS-CLEFS Echinoidea - Spatangus purpureus - Contenu digestif - Mollusques
KEY-WORDS Echinoidea - Spatangus purpureus - Digestive content - Molluscs
RÉSUMÉ
Le contenu du tube digestif d’un oursin irrégulier, Spatangus purpureus, pêché au large de la Sicile, dans les Iles
Egades, a été prélevé pour analyse. Celle-ci s’est limitée à l’inventaire des mollusques présents dans le sédiment ingéré
par l’échinoderme et a révélé la présence de 23 espèces de gastéropodes, 21 espèces de bivalves et 1 espèce de
polyplacophores pour un total de plus de 80 individus.
ABSTRACT
The gut content of an irregular sea urchin Spatangus purpureus, collected off the Egadi Islands in Sicily was taken for
analysis. This was limited to an inventory of the molluscs présent in the sédiment ingested by the echinoderm. The
analysis showed the presence of 23 species of gastropods, 21 species of bivalves and 1 species of polyplacophoran for a
total of more than 80 individuals.
INTRODUCTION
Spatangus purpureus O.F. Müller, 1776 (Echinodermata - Spatangidae - Fig. 1) est un oursin irrégulier d’une douzaine
de centimètres à symétrie bilatérale secondaire dont la bouche se situe sur la partie avant de sa face ventrale qui est plate
et dont l’anus débouche sur l’arrière de sa face dorsale qui est bombée. Il est couvert de nombreux piquants, petits, fins
et soyeux et de plus rares piquants allongés et plus solides implantés de façon régulière et symétrique sur sa face
dorsale. Il est de couleur pourpre, ce qui est à l’origine de son nom. On le trouve dans l’Atlantique Nord-Est, de la
Norvège au nord de l’Afrique ainsi qu’en Méditerranée (Hayward & Ryland 1998). Il vit sur des fonds sablo-graveleux
ou détritiques depuis une faible profondeur jusqu’à généralement 70 à 80 mètres et même jusqu’à 900 mètres (Gage
1965). Il s’enfonce dans le sable et évolue à moitié enfoui lorsqu’il se nourrit en labourant le fond. Il participe ainsi au
mélange et à la migration des sédiments du fond marin vers des zones plus profondes du sol, permettant ainsi à de petits
métazoaires benthiques (méiofaune) de se nourrir. On le qualifie de détritivore car il se nourrit de matières organiques
extraites des sédiments qu’il ingère. Barberà et al. (201 ont récemment étudié l’origine de la nourriture de Spantangus
1)
purpureus dans la région des Iles Baléares (Espagne). Sur base du type d’acides gras isolés dans les gonades, ces
auteurs ont démontré que ces oursins sont omnivores et se nourrissent de débris d’algues lorsque leur milieu en est
pourvu ou de résidus animaux et bactériens lorsque leur milieu est pauvre ou dépourvu en algues. Biagi (1975) s’est
intéressé au contenu intestinal de Spatangus purpureus et Brissus unicolor (Leske, 1778) (un autre oursin irrégulier
fréquent en Méditerranée) dragués par 50 à 70 mètres de profondeur dans l’Archipel Toscan. En pratiquant une
ouverture dans la face dorsale de l’oursin l’auteur a observé le tube digestif contenant les sédiments ingérés par
l’animal. Cet organe occupe la quasi totalité de la cavité. Un spécimen de Spatangus purpureus de taille moyenne (9x8
cm) peut contenir jusqu’à 90 g de sédiments en poids sec. Ces sédiments sont composés d’un mélange de sable, de
débris d’algues coralligènes, de foraminifères, de fragments de test de crustacés ou d’autres oursins et de mollusques.
Pour ces derniers, il s’agit généralement de fragments de coquilles (gastéropodes et scaphopodes), de valves
dépareillées de bivalves et de plaques isolées de polyplacophores. Il est courant de rencontrer des gastéropodes
juvéniles entiers et même des petits bivalves encore pourvus de parties molles, ceux-ci ayant été pris vivants lors de
l’ingestion des sédiments par l’oursin. Une liste de 53 gastéropodes, 36 bivalves et 3 scaphopodes a été établie sur
l’ensemble des spécimens disséqués.
Cet oursin est souvent accompagné de Montacuta substriata (Montagu, 1808) (Montacutidae - Fig. 4), petit bivalve
inéquilatéral de forme ovale, dont l’umbo est placé dans la partie postérieure de la coquille. Sa taille ne dépasse
généralement guère 4 mm. Il est caractérisé par la présence de stries radiaires sur chacune de ses valves. Il s’attache
préférentiellement (Fig. 3) par un byssus à l’un ou l’autre piquant de la partie arrière ou ventrale du spatangue
(Delongueville & Scaillet 2004).