Page 2 - MICHAUXetal1996
P. 2

194 MICHAUX et al.

Fig. l. - Carte de répartition des sites de capture d'Apodemus sylvaticus.
Map showing the sampling localities of fie/d mice.

INTRODUCTION                                          on sait que les Mulots de Marettimo (Alcover &
                                                      Gosalbez, 1988) et ceux de Porquerolles (Libois
   Les études de populations insulaires de Ron-       & Fons, 1990) sont nettement plus grands, ces
geurs, camme le Rat nair (Rattus rattus) et la        derniers notamment au niveau de l'appareil mas-
Sauris (Mus musculus domesticus) (Orsini &            ticateur, que sur le continent proche.
Cheylan, 1988), au encore de populations d'Oi-
seaux (Grant, 1985; Martin, 1992; Thibault,              Sur le plan génétique, une étude des patrons
1992 ; Perret & Blondel, 1993 ;) au de Reptiles       de restriction de l'ADN mitochondrial et du po-
(Cheylan, 1988; Cirer & Martinez-Rica, 1990) ont      lymorphisme enzymatique (Michaux et al., 1996)
montré l'importance de l'isolement en milieu in-      a révélé une séparation nette entre les populations
sulaire pour la différenciation des espèces. Les      du nord-ouest de l'Europe très homogènes
Mammifères de petite taille ant généralement ten-     (France, Belgique, Allemagne, Grande Bretagne)
dance à accroitre leurs dimensions corporelles        et les populations tyrrhéniennes (ltalie péninsu-
ainsi que celles de l'appareil manducateur en par-    laire, Corse, Sardaigne, Elbe). La limite entre ces
ticulier (Thaler, 1973; 1983; Libais & Fans,          deux groupes se situe au niveau de la chaine
1990). Si le Mulot (Apodemus sylvaticus) a été        alpine. L'origine italienne des Mulots de Corse,
relativement bien étudié dans cette optique sur les   de Sardaigne et d'Elbe est ainsi prouvée. Les
lles de la mer du Nord (Corbet, 1978; Berry et        animaux de Sicile sont fortement différenciés de
al., 1967 ; Berry & Tricker, 1969; Berry, 1973;       toutes les autres populations ouest-européennes
Murbach, 1979), il n'en va pas de meme dans le        (Michaux et al., soumis).
bassin méditerranéen. Toutefois, quatre saus-es-
pèces ont été décrites des lles d'Elbe, de Pantel-       La présente étude a pour objectifs de savoir si
leria, d'Ibiza et de Formentera, notamment sur la     !es Pyrénées constituent, camme les Alpes, une
base de leur grande taille. Il s'agit respectivement  barrière géographique ayant isolé une souche de
de A. s. ilvanus Kahmann et Niethammer, 197 1,        Mulots ibériques de la souche « nord-ouest » et
A. s. hermani Felten & Storch, 1970, A.s. eivis-      d'étudier les affinités génétiques et morphologi-
sensis Alcover & Gosalbez, 1988 et A. s. frumen-      ques de populations insulaires de Mulots. Les
tariae Sans-Coma & Kahmann, 1977. Par ailleurs,       facteurs intervenant dans le déterminisme du gi-
                                                      gantisme insulaire chez cette espèce seront égale-
                                                      ment discutés.
   1   2   3   4   5   6   7