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C’est alors qu’une idée me vient à fois de plus, va me conduire dans une mau- Je vais donc tenter de leur faire com-
l’esprit. Elle est tellement extraordinaire que vaise direction. prendre que je ne veux pas naviguer sur leur
je n’ose la prendre au sérieux. Je me dis que Ils s’éloignent quelques instants et je les dos, mais plutôt être lancé en l’air une nou-
mon imagination est vraiment fertile, que je crois définitivement partis. L’angoisse me velle fois. Je me prépare, mais cette fois en
rêve et que je dois revenir à la réalité. Mais reprend et la peur revient. C’est à ce moment surveillant celui qui viendra en dessous pour
mes deux amis sont toujours là. Ils recom- que je les entends à nouveau, à quelques éviter d’être projeté par surprise. Cette fois,
mencent leur manège deux ou trois fois mètres derrière moi. Ils plongent et se rappro- c’est la femelle qui se présente et véritable-
encore. Puis ils reviennent à la surface respi- chent. Ils me frôlent et l’un d’eux, le plus ment ses mouvements sont plus doux. Elle
rer. Je les regarde faire et ils me regardent. Ils gros, le mâle sans doute, s’immobilise n’est pas assez forte pour me projeter au-
me voient et je jure que nos regards se ren- directement sous mon corps. À ma plus dessus de la surface. Je suis à cheval sur son
contrent. Ils me parlent, ils communiquent grande surprise, je ressens une violente dos et nous nous déplaçons. Je ne veux pas
avec moi. secousse, une vive douleur entre les jambes et risquer d’être entraîné trop loin et je me
Mais que me disent-ils? Je sens très bien je suis soudainement projeté en l’air! Je détache d’elle assez rapidement. Elle revient
qu’il y a un contact, qu’il y a un échange. Je retombe à la surface en faisant un magnifique vers moi et me donne un léger coup de
ne saisis pas la nature de cet échange, mais plat sur le dos qui me fait mal. Mais j’exulte! museau qui me fait boire la tasse. Je nage
c’est bien bon et ça me fait un peu oublier la Je suis convaincu que mes compagnons vers Vagabond et m’installe à nouveau le
précarité de ma situation. essayent de se faire comprendre. Ils veulent long de la coque. J’attends.
Cette idée extraordinaire me revient à me transporter, me propulser à bord ou jouer Cette nouvelle position doit les intriguer
l’esprit. Et si après tout elle n’était pas si avec moi, comme avec un ballon. Ils car les dauphins s’éloignent pendant quelques
farfelue? Si vraiment ces deux compagnons tournoient à nouveau et semblent attendre que minutes et ne reviennent qu’après plusieurs
voulaient me faire comprendre qu’ils souhai- je me mette en position de lancée ou de manœuvres d’approche. Nous recommençons
tent me transporter à terre? Je n’ai rien à chevauchée. II faut que je réfléchisse vite et nos exercices plusieurs fois et ils ont compris
perdre à essayer, mais j’hésite car je me dis que je prenne une décision rapidement car ils que je préfère être lancé hors de l’eau plutôt
qu’ils peuvent m’abandonner en cours de vont peut-être se lasser et me quitter défini- que d’être promené sur leur dos. Et ils ne se
route et que je me retrouverai alors tout seul tivement. Des trois hypothèses, j’élimine privent pas de me balancer hors de l’eau,
au milieu de l’eau et que j’aurai fait une celle du jeu. Je ne suis pas un ballon et n’ai m’éloignant à chaque fois du bateau. Je viens
erreur de plus en m’éloignant de mon bateau. pas l’intention d’en devenir un. Des deux qui me remettre chaque fois le long de la coque,
Et puis non, vraiment mon imagination, une restent, je choisis le réembarquement. en position d’attente pour la prochaine

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