Page 8 - Tonnara_florio_Le_Egadi_ricordano
P. 8

L'installation antique de salaison de poissons de Cala Minnola (Levanzo, Province de Trap (...)  8

        cette maçonnerie d’angle fait, elle aussi, partie du premier état de construction. Par la suite on
        remarque que certains bassins (par exemple le bassin 4) ont fait l’objet d’une réfection avec
        des bétons parfois plus grossiers que les premiers.

      Le mobilier céramique
      (E. Botte et A. Boisson)

18 1268 fragments de céramique ont été mis au jour durant l’opération de nettoyage et relevé
        de l’atelier. Ils appartiennent majoritairement à des amphores. Le matériel a été consigné au
        dépôt archéologique de Favignana, dans lo stabilimento Florio.

19 L’ensemble du mobilier s’inscrit dans une chronologie qui nous permet de mieux définir la
        période d’installation de l’atelier ainsi que celle de son abandon. L’atelier, au vu des amphores
        puniques découvertes sur le site, est construit au plus tôt vers la fin du IIIe siècle avant notre
        ère ou dans les premières décennies du IIe siècle. En témoigne le fragment d’amphore Ramon
        T.7.2.1.1. dont la production est attestée du dernier tiers du IIIe siècle aux premières décennies
        du IIe siècle avant notre ère5, ainsi que le fragment d’amphore Ramon T. 7.4.2.1. dont la
        production se situe dans la première moitié du IIe siècle avant notre ère6.

20 L’atelier doit fonctionner de manière intensive dès la seconde moitié du IIe siècle car la majorité
        des amphores appartient à la famille des conteneurs puniques dits « tubulaires » de production
        sicilienne, dont la fabrication s’établit au plus tôt dans la seconde moitié du IIe siècle avant
        notre ère7.

21 L’atelier semble ensuite produire sans interruption jusqu’à son abandon définitif qui survient
        durant la seconde moitié du IIe siècle de notre ère. Cette datation est fournie par deux fragments
        de sigillée africaine claire A découverts dans les niveaux de comblement et qui assurent que
        l’atelier a cessé de fonctionner au plus tard à cette période. La datation fournie pour ces deux
        fragments est la suivante : la seconde moitié du IIe siècle pour le fragment de Hayes 9B8, ainsi
        que pour le fragment de Hayes 8A9.

      Étude des tuiles
      (G. Chapelin)

22 La fouille a permis la récolte de 989 fragments de tuiles, dont 16 fragments de tuiles de courant
        et 973 fragments de tuiles de couvert. Si l’on admet que ces tuiles viennent bien d’une toiture
        couvrant les bassins, il faut admettre que ces fragments ne représentent qu’une infime partie
        des 250 m2 de toiture que devait représenter cette couverture. En effet, seuls 40 individus ont
        été comptabilisés, ce qui étaye la thèse d’une démolition bien organisée pour la récupération
        des matériaux de construction qui a dû commencer, comme il se doit, par la toiture. Celle-ci
        a dû débuter après une période d’abandon que l’on ne peut estimer avec précision. L’énorme
        disproportion entre les fragments des deux types de tuiles – pourtant associés en quantités
        à peu près égales en nombre dans une couverture – peut s’expliquer de plusieurs manières.
        Cela peut être seulement dû à la finesse des couvre-joints par rapport aux tuiles de courant
        qui, à cause de leur fragilité, se retrouvent plus fragmentés. Peut-être aussi est-ce dû à une
        récupération plus facile ou plus attentive des tuiles de courant.

      Observations conclusives

23 Installé le long d'une crique offrant un abri idéal pour les bateaux venant chercher les produits
        de l'officine, l’atelier de Cala Minnola s’est révélé être un des sites les plus importants en ce
        qui concerne cet artisanat antique en Sicile. Il est sans surprise établi sur la route des thons,
        qui d’ailleurs n’a pas changé, comme le confirme la grande tonnara de Favignana, l’une des
        dernières de Sicile à avoir cessé son activité il y a quelques décennies.

24 Construit selon un plan rectangulaire qui respecte l'agencement naturel du terrain, l'atelier
        comporte une série de plus d'une vingtaine de bassins agencés de manière régulière (fig. 5 et
        6). Par ses dimensions et le nombre de bassins qui le composent, l’atelier de Cala Minnola est
        le troisième dans l’ordre des plus grands sites artisanaux d’Italie dédiés à la transformation

           Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome
   3   4   5   6   7   8   9   10   11   12   13